La réforme des retraites et les sans gênes
Pour comprendre l’idéologie qui sous-tend la réforme des retraites, deux chiffres valent mieux que tous les longs discours : la taxation des hauts revenus rapportera environ 230 millions d’euros !
les mesures d’âge qui pénaliseront d’abord les salariés (62 ans pour l’âge légal du départ à la retraite et 67 ans pour l’âge de la retraite à taux plein) permettront d’économiser 19 milliards d’euros !
D’un côté, un pourboire, de l’autre le coup de bambou.
Pendant des semaines, les esprits les plus affûtés, à droite, mais aussi parfois à gauche et au centre, nous ont expliqué la logique, implacable, justifiant la fin de la retraite à 60 ans. On découvre aujourd’hui qu’à la faveur de cette réforme, cette « évidence » n’est plus qu’une injustice de plus qui s’ajoute à toutes celles, préexistantes, que la réforme n’a pas abolies : injustices entre niveaux de revenus, entre métiers, entre générations…
Et l’on ne parle même pas de la fameuse « pénibilité » au travail qui ne sera prise en compte que pour quelques dizaines de milliers de salariés, sorte d’aumône aux plus défavorisés. En revanche, les retraites-chapeaux - retraites-sombrero devrait-on dire – seront à peine écornées. Il peut pleuvoir fort, certains seront toujours plus couverts que les autres !
Or, au moment où le gouvernement réclame au plus grand nombre des efforts importants pour sauver les retraites par répartition – en gros : « travailler plus et plus longtemps pour gagner moins » -, au moment où se concocte à Matignon et à l’Elysée un plan de rigueur sans précédent, les « sans-gêne » de la République, eux, continuent à s’en donner à cœur joie :
après le déplacement d’Alain Joyandet en Haïti à 116.000 euros !
les deux appartements de fonction de Christian Estrosi et de Fadela Amara !
après la « mission » de Christine Boutin à 9500 euros !
le voyage somptuaire en Afrique du Sud de Rama Yade à 45.000 euros !
après le cumul-emploi retraites des ministres !
les 12.000 euros de cigares de Christian Blanc…
Après la nomination du fils de Roselyne Bachelot à l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation à la Santé), le népotisme à grande échelle qui règne dans les cabinets ministériels et les établissements publics… Ajoutons l’indéfendable mélange des genres, pour ne pas dire la consanguinité, entre certains politiques et les milieux d’affaires : l’épouse d’Eric Woerth, ex-ministre du Budget, s’occupant des affaires financières de Mme Liliane Bettencourt, première fortune de France, est-ce bien cela « la démocratie irréprochable » dont le candidat Nicolas Sarkozy nous vantait les mérites en 2007 ?
En réalité, les uns cumulent les galères, les autres les privilèges.
Combien de temps cela peut-il décemment durer ?